Fête des écoles publiques, Tours, 17 juin 1989

Ils sont entrés sur le stade en file indienne. Vêtus de bleu, de blanc, de rouge ; mais ne formant qu'une seule équipe. Ils n'avaient pas de chaussures à crampons. Derrière eux sont venus de jeunes duchesses et des petits marquis poudrés. Puis de nouveaux sans-culottes.

Dans les tribunes, le brouhaha s'était tu. Les parents scrutaient les arrivants dans l'espoir d'apercevoir leurs bambins. Le présentateur égrenait sa litanie des écoles qui défilaient sous nos yeux.

La pelouse se gorgeait de monde dans un ballet réglé avec minutie par les organisateurs. Les enfants prenaient place autour de cercles dessinés sur l'herbe et plantés en leur centre d'un fanion tricolore. Cela dura longtemps sans jamais devenir monotone ; le plaisir céda le pas à l'étonnement de voir qu'on pouvait réunir tant d'écoliers. Des gradins, les visages ne portaient pas la trace de l'effort qu'ils avaient dû consentir pour défiler dans la rue surchauffée, envahie par la foule, avant d'arriver sur le stade.

Une immense ovation jaillit quand tous les enfants furent réunis. Monsieur l'Inspecteur d'académie y alla de son discours bref, mais ému. La pelouse se mit à onduler comme des épis de blé sous la caresse du vent ; c'était la fête des écoles publiques, la célébration du bicentenaire de la Révolution, mais aussi un avant goût de la fête de l'été : les enfants dansaient sur des airs révolutionnaires et l'émotion nous étreignit.

Jean-Luc Dugied
Juin 1989 
Publié dans "Ecole et famille" n°147, septembre-octobre 1989         

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