Michel Legrand

Samedi 26 janvier 2019.
J'apprends la mort de Michel Legrand. Tristesse. Il nous laisse tellement de belles mélodies qu'il sera toujours un peu à côté de nous.

Eté 1970, quelque part au sud de Paris, tournage de Peau d'Ane.
Nous avons passé l'après-midi à tourner une scène de banquet onirique sur une colline pelée. Pas un arbre. J'ai fait de la figuration avec une tête de cerf sur les épaules. Il fait tellement chaud sous ce costume qu'il faut se relayer dans le rôle.
Après le tournage, Jacques Demy m'emmène chez Michel Legrand qui habite tout près. Michel se met au piano pour faire écouter à Jacques des airs qu'il vient d'écrire pour le film. A l'époque, je suis plus Jimi Hendrix que Legrand. Mais là, c'est magique. Tous les trois dans ce grand salon qui s'ouvre sur le jardin, Michel au piano, Jacques et moi sur des canapés. J'ai 21 ans, je suis l'assistant stagiaire d'un grand metteur en scène, le monde s'offre à moi, tout devient possible.
Michel Legrand, son sourire, sa gentillesse, sa générosité. Son plaisir de jouer est si visible qu'il emporte tout sur son passage. Les mélodies défilent. On ferme les yeux, on voit le film...
Merci à Jacques Demy de m'avoir fait vivre ce moment inoubliable.

Jean-Luc Dugied