C'est d'abord un murmure

C'est d'abord un murmure
comme la vague au petit matin
dans la rue encombrée de chalands
le friselis devient une rumeur
on se presse on se hâte
ou l'on flâne selon son humeur
au débouché des arcades c'est la folie
nul ne peut passer
il faut se frayer un chemin
vers on ne sait où
vers on ne sait quoi
on devine les étals à leur parfum
à une couleur entraperçue
aux cris des marchands
on se trouve enfin projeté
sur une montagne d'olives
de tomates séchées de tapenade.

La ville a ses mondanités
un artiste engagé
un peintre désabusé
des musiciens des poètes
une pléiade de peintres surtout
riches de couleurs chatoyantes
ou ténébreux dans les noirs
ce petit monde s'assemble
dans les rires ou la nostalgie
soudain traversé d'un débat virulent
ou paisible dans son quotidien
c'est la fraîcheur du lieu
son oasis poétique
son poumon créateur.

Parfois en fin de journée
les terrasses de café bruissent
de mille conciliabules
les secrets s'échangent au soleil
entre complices d'un jour
sur les boulevards on se croise
on se salue on s'accole
on se quitte en se disant
à demain à ce soir à toute à l'heure
on se voit peu mais très souvent.

Jean-Luc Dugied
Uzès, novembre 2011